Oh, pas pour la simple jubilation narcissique d’écrire ! Non, je suis trop paresseux pour cela. En fait, j’ai deux travers qui se combinent pour aboutir à ce résultat.
D’abord, je ne peux pas m’empêcher de penser, de réfléchir (sur tout et sur rien). Quand j’étais petit, les autres enfants se moquaient de moi en disant que j’allais encore faire
des « inventations ». C’était vrai. Ça m’agaçait mais cela ne me dissuadait pas de continuer.
D'autre part, je suis bavard, mais bavard, mais bavard! Vous ne pouvez pas imaginer. Alors, tout ce à quoi je pense, j'ai envie de le
raconter. Le plus souvent, je me le raconte à moi même. C'est bête, hein! Alors, pour que ce soit moins bête, et que les autres puissent en profiter aussi, je l'écris.
En même temps, je n’ai jamais eu l’intention d’en faire un commerce ou une source de revenus. Bref, je n’ai jamais imaginé qu’avec cela j’allais faire fortune. Ceci est d’autant plus vrai que je n’écris que des choses qui ne passionnent pas les foules. On m’a dit, souvent : Ecris donc des romans ! Non. Je n’ai pas envie. Moi, j’écris des essais de réflexion, de la poésie, du théâtre de la musique, mais des bouquins de gare, non. Cependant, allez savoir pourquoi, j’ai cette coquetterie de me pâmer de vanité à la pensée que l’on lise mes productions.
Parfois lorsqu’un ami se moque de moi, à titre de représailles, je lui dis que j’aimerais le condamner à lire mes « œuvres complètes ». Seulement voila, les œuvres complètes, où les trouver ?
Ça y est ? Vous avez compris ? Vous êtes dans mes œuvres complètes.
Bon courage !
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...