Ils vivent sereins sans le moindre effort;

Cachés en secret en dehors des foules,

Ils ne sont qu'orgueil, que luxe et confort.

Ils sont au dessus des vents et des houles;

Leur fortune croit et sur eux s'écoule.

Ils n'ont pour projet que récupérer

Ce que leurs égaux ont accaparé.

Thésaurisant tout d'âpreté immonde,

Nulle loi contre eux ne peut déparer;

Tout leur est permis pour piller le monde.

 

Pour mieux protéger, dans leurs coffres forts

Ce qu'ils ont capté et dont ils se saoulent,

Ils ont des troupeaux de reitres retors,

Des laquais soumis qui, au sol, se roulent

Pour régurgiter, par pleines ampoules,

Le fruit des larcins, qu'en sbires parés,

Ils se sont cruellement emparés,

Fardés d'apparence nauséabonde.

Chefs d'état ou ministres déclarés,

Tout leur est permis pour piller le monde.

 

Les peuples soumis, sans aucun renfort,

Dans une agonie que rien ne refoule,

Réduits en servage sans réconfort,

Demeurent contraints au fond de leur moule

Le regard masqué par une cagoule,

Ils vont au hasard, pauvres égarés.

Ou, à leur piquet restant amarrés,

Ils végètent leurs vies déjà moribonde.

Les maîtres ont leur faste immodéré;

Tout leur est permis pour piller le monde.

 

Ô! humains perdus, aux yeux effarés,

Sachez que, sans trêve, il faut vous garer.

Si vous craignez la colère qui gronde,

Si vous n'osez pas les contrecarrer,

Tout leur est permis pour piller le monde.

 

                              Jean Durier-Le Roux

                              09 07 2015