Lorsque toujours bernés par d'odieux démagogues,
Lentement découpés comme des saucissons,
Nous répétons sans fin d'âcres clichés en vogue
Et demeurant vaincus, nous nous accroupissons.
Aveuglé d'artifice aux torpeurs maladives,
Nous sommes désarmés par des discours retors.
N'osant plus opposer notre raison chétive,
En des mains dépravées, nous plaçons notre sort.
Pourtant, issus du fond de notre multitude,
Il doit bien exister des esprits éclairés
Capables de montrer d'où vient la servitude
Et de dire comment on peut s'en libérer.
Il ne faut pas attendre un grand chef absolu,
Un grand maître divin, seul sauveur messianique
De nos attentes vaines, qui aurait résolu,
D'un seul geste du doigt, nos espoirs chimériques.
Celui qui coordonne n'a pour ministère
Que l'intérêt du peuple et doit s'y évertuer.
Si, par mégarde, il ne savait le faire,
Il devrait, sans rancœur, en être destitué.
La fonction de l'état n'est pas de déployer
Ni d'imposer d'impopulaires exigences;
Mais, du peuple, au contraire, il n'est que l'employé
Et le représentant en toutes circonstances.
C'est la population qui choisit et ordonne.
Elle doit, pour cela en avoir les moyens.
Malgré l'adversité qui s'enfle et carillonne,
La décision revient toujours au citoyen.
Alors, laissant tomber nos veules pleutreries,
Osons fort exprimer ce que nous exigeons.
Sachons saisir au corps ce qui nous contrarie;
Soyons sans retenue, c'est nous qui dirigeons.
Pourchassons l'ignorance qui nous emprisonne;
Dressons contre elle le savoir libérateur.
Un esprit bien instruit qui cherche et qui raisonne
Peut débusquer sans mal le mensonge flatteur.
Si nous n'avançons pas vers l'épanouissement,
C'est nous qui en sommes les réels responsables.
La révolte, les cris, les avertissements
Ne font rien qu'indiquer que c'est nous les coupables.
Lorsque sans peur, enfin, sans haine et sans délire,
Nous aurons promulgué toutes nos solutions,
En ayant imposé ce à quoi l'on aspire,
Nous aurons établi notre révolution.
30 06 16
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...