Un petit chat m'a dit
(Parce que je parle aussi le chat.
Enfin, je parle...
Je comprends, surtout.
Pour parler j'ai un mauvais accent.
Alors les chats me saisissent mal,
Et ça les fait rire, parfois.
Mais ils sont bien élevés
Ils se retiennent.
Donc je parle en "moi".
Comme les chats entendent bien le moi,
Ils parlent en chat
Et moi en moi.
Et cela suffit).
Bref !
Un petit chat m'a dit
Disais-je
"Qu'est-ce que tu fais là,
Planté au milieu de la cour ?
Tu m'appelles, tu m'appelles
D'abord, je ne m'appelle pas Minou.
Je m'appelle Miaraou.
Tu devrais faire des efforts de prononciation..,
Tu m'excuseras mais,
Pour le moment,
Je suis très attentif à autre chose.
Un papillon voltige sur le buisson d'en face.
Alors, je surveille.
S'il traverse le chemin…
Et puis, je suis trop bien
Dans mon rayon de soleil
Sur le mur au-dessus du portail.
Pourquoi veux-tu que je m'agite ?
D'ailleurs j'ai tourné une oreille
Et bougé le bout de la queue.
Cela devrait te contenter.
Si tu veux que nous conversions,
Viens t'asseoir à côté de moi
Sur la mousse des tuiles
Entre les joubarbes et les linaigrettes.
C'est agréable, tu verras.
Trop haut ... trop haut.
Et comment j'ai fait ?
Je suis bien plus petit que toi,
Non ? Tu ne veux pas ?
Alors, tans pis.
Tu n'es vraiment pas coopérant,
Mais
Velléitaire,
Arbitraire
Totalitaire
Et capricieux".
Si, si, tous ces mots là existent
En chat.
"Je suis encore petit
Mais je te le demande
Sois un adulte.
Tu veux faire plus ample connaissance
A toi les premiers pas.
D'abord ma maman m'a enseigné
De ne pas répondre aux inconnus.
Tu vois :
J'ai déjà commis une entorse
A la bonne conduite.
Mais si, en plus, tu as des exigences… ».
Alors, il s'est levé
A étiré ses quatre pattes
A fait le gros dos
Et tranquillement a sauté
De l'autre côté.
J'ai grimpé sur le mur
Je me suis assis au-dessus du portail
Et j'ai regardé le papillon
Sur le buisson d'en face.
Mais je ne sais pas encore
Tourner une seule oreille.
20 06 95
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...