Où que tu sois,
Sylphide,
Où que tu existes,
Quoi que tu illumines,
Je sais que tu es là.
Tu es l'air que je respire ;
Tu es l'eau que je bois ;
Ma bouche gronde tes mots
Et je ne vois que par tes yeux.
Tu peux te cacher,
Bien sûr.
Pourtant, je sais que,
Malgré moi,
Malgré toi,
Tu m'observes.
Tu es derrière moi.
Si je suis occupé, ou distrait,
Pendant que je ne regarde pas,
Tu me lorgnes
A travers les carreaux
Et tu ris,
Tristement.
Si je lève le nez,
Hop !
Tu as disparu.
Mais, l'éther qui t'entourait
A gardé ton empreinte
Cette empreinte, je ne la vois pas ;
Mais je la sens, et je sais qu'elle est là.
***
0! Le souvenir
De ce qui viendra
Issu du fatras,
0! le souvenir
Peut-il se honnir ?
Qu'il claque en son drap
0 ! Le souvenir
De ce qui viendra.
***
Tu te caches,
Et tu boudes;
Et tu fuis.
Tu me fuis.
Tu te fuis
Tu as peur
Tu as peur de moi.
Tu as peur de toi
Et tu voudrais que je ne sois pas moi.
Mais, c'est comme ça.
***
La perle du vent qui fleurit la rosée
Ouvre ses yeux sur le monde blafard
Les formes ouvertes glissent leur départ
Poussant, à plaisir, toutes couleurs osées.
Le jour qui rayonne sa flamme posée,
Egaie de chaleur et de calmes égards,
La perte du vent qui fleurit la rosée.
Le soleil d'été, des douceurs reposées,
Tïsse des habits de dentelle et brocard,
Chacun tend ses mains de fraîcheur arrosée.
Elle a la souplesse du fin léopard
La perle du vent qui fleurit la rosée.
***
Et puis, la colère t'atteint.
L'érubescente rancoeur te gagne.
Et te parcourt ;
Et t'envahit ;
Et te détruit.
L'accusation, le reproche,
L'opposition,
Le refus,
La nausée amère et douloureuse
De sanglot inabouti,
Le cri d'espoir rejeté
Roulé en spasme de détresse abhorrée,
Et de regret
Inavoué
Et détestable
Sont l'incompréhensible qui dit « Non ».
Alors,
Grief et rancune
Alors, souffrance mentie ;
Et larmes avortées.
Dents serrées et lèvres crispées.
Envie de mordre
Et de cracher.
Bouclier
Et défense ;
Et, de nouveau colère.
Hargne.
Violence.
Noyade d'angoisse
Déchirée.
Hurlement, fuite, course éperdue
En cachette profonde.
Nuit.
Solitude cherchée
Et redoutée,
Et retrouvée.
Silence,
Et cris gardé en nourriture vomissante.
Le matin s'est mué en tiédeur maladive.
L'éveil, étendard déchiré,
Vogue en fumée de défaite.
***
Roulez et roulez, affres de tempête !
Grondez et grondez ! Submergez les chants.
Vos laves bouillant d'avides conquêtes
Repoussent les cris des parfums des champs.
Miasmes sulfureux de vapeur fétide,
Montez des ravins, goûts empoisonnés.
Les lourdes terreurs aux âcreurs perfides
Immolent l’appel d'échos cloisonnés.
Les larmes se brisent. Le souffle s'éteint.
Le hoquet, sans fin, se gonfle de crise ;
Dans le gris détour des couchants déteints,
Le goût d'avancer, sans. fin, se divise.
En brame de cerf vaincu, nous réons
Croyant ébranler la hardiesse astrale
D'un cri dégonflé en accordéon ;
Et naissance tait ses aubes lustrales.
Roulez et roulez, affres de tempête !
Criez vœux taris d’enflements méchants
Les nuées de nuit, nul ne les arrête,
Repoussent les cris des parfums des champs.
***
Ailleurs.
Plus loin
Endroit autre.
Refuge.
Cachette.
Lieu oublié.
Lieu dissimulé
Et inconnu,
Lieu masqué.
Lieu secret.
Repli
Et sommeil,
Exubérance folle de silence.
Silence de folle exubérance.
Rempart.
Distance.
Muraille de fumée
Où tu t'abrites.
Tu es autre part ;
Mais tu n'es pas nulle part.
Où que tu demeures,
Tu existes.
Ta retraite secrète
Fait partie de l'univers.
Elle y a des voisines,
Et ces aires voisines sont voisines
De mes aires voisines à moi.
***
Le vent amolli qui lèche les vallons
Emporte en son souffle un souvenir d'aurore.
Venu de la mer, de jalons en jalons,
Il cueille partout dans l'enivrante flore.
Chargé du pollen comme un vaste ballon,
Il vogue sans fin sur la vie qui s'essore.
Le vent amolli qui lèche les vallons
Emporte en son souffle un souvenir d'aurore.
Noyant les bourgades, les champs, à pas longs,
Chargé de messages émis à pléthore,
Parmi ses nuages ourlés de galons,
Il dit ses liqueurs, contenues en amphores,
Le vent amolli qui lèche les vallons.
***
Silence :
Formidable muraille,
Muraille de vide,
Muraille de rien,
Muraille de néant,
Dresse ta citadelle
Je sais où te trouver ;
Puisque tu es dedans.
***
Le silence te protégeant
Me restreint et me contamine.
Que dire au vide qui s'obstine :
Le silence te protégeant.
La distance devient l'agent
Du crépuscule qui décline.
Le silence le protégeant
Me restreint et me contamine.
***
Pour qui?
Pour qui ce fatras ?
Pour bien jouer, il faut
Un peu de public éclairé.
Pour bien parler, il faut
Etre un peu écouté,
Pour bien comprendre, il faut
Un peu de langage partagé.
Pour bien imaginer, il faut
Un peu de matière
Pour bien inventer, il faut
Un peu de nécessité.
Pour bien créer, il faut
Un peu d'idéal désiré.
Pour que le rêve s'épanouisse, il faut
Un peu de réalité.
Pour bien prier, il faut
Un peu d'idole sacralisée.
Pour bien offrir, il faut
Un peu de destinataire.
***
Dans Rome, l'antique, après sa fondation,
Issu de relents et de miasmes turbides,
Soufflait un poison d'horreur et destruction.
La peur et la mort inclinaient vers le vide.
L’exemple venu des écarts des puissants
Poussait les humains aux luttes fratricides.
Un prince sorti des combats vrombissants,
Allant s'abreuver au bord d'une fontaine,
Dormit un moment près du ruisseau bruissant.
L'onde y était claire et de douceur sereine.
L'éveil lui montra une nymphe du lieu ;
Et cette vision fit oublier la haine.
Le prince ébloui, écarquillant les yeux,
Offrit son salut à la belle baigneuse,
Craignant une fuite à .jamais sans adieu.
« Attends un moment, lumière merveilleuse,
Numa Pompilius est le nom que je tiens.
Limpide beauté, ta présence est radieuse ».
La nymphe saisie redressa son maintien.
« Guerrier, ici sont ma source ma rivière.
Retourne en ton monde dévaster les tiens.
Tu viens plein de bronze en violence grossière.
La mort que tu jettes te rend si puissant
Que tout ton mépris ignore ma prière.
Tu viens en massacre hargneux, rougissant
L'agreste horizon de tes clameurs barbares
Et l'air, ou je vis, de terreur et de sang.
Ce que je construis, tu le brises et l'effares.
Si je suis la vie, la mort est ton propos.
Ici tout te nie ; ton être nous sépare.
Va t'en » ! Mais le prince vaincu de repos,
Lâchant son épée, débouclant son armure,
Dans l’eau, loin de lui, jeta ses oripeaux.
« Vois-tu ? Je suis nu. J'ai perdu mes parures.
Dis tes instructions ; ordonne tes secrets.
Crois-moi, tout ce que j'ai été, je l'abjure.
Je sais : la parole est facile décret.
Mets-moi à l'épreuve ; j'écouterai tes dire
Chanter dans mon corps de leur parfum concret.
Ce que tu diras, qui hors de toi s'expire,
Je veux l'ordonner et le mettre en écrits.
Tes voeux dicteront les lois de mon empire ».
La nymphe, accueillant ce discours, y souscrit
Elle ouvre au guerrier une vision nouvelle,
Changeant la rudesse en ferveur de l'esprit.
Le prince conquis, pour les âmes rebelles,
Montra que la paix est un bien grandissant,
Gardant à la nymphe une alliance fidèle.
Le calme instauré, les guerres, finissant,
Porteur du secours de son inspiratrice,
Numa Pompilius devint un roi puissant.
De sa conseillère écoutant les auspices,
Le roi se montra un grand législateur
Sachant déjouer les méchants artifices.
Souvent, dans la nuit, jours interrogateurs
Près de la fontaine, aux aubes matinales,
Il vint retrouver les yeux libérateurs.
Le temps oublia l'existence royale.
La nymphe abdiqua le salaire honoré
Son nom seul resta, mémoire triomphale.
Rome survécut à son roi inspiré ;
Et l’oeuvre bâtie, pour la nymphe chérie,
Régna sur le monde en hommage doré.
La nymphe admirée se nommait Egérie.
***
Tu vois;
Je t'ai reconnue.
Je sais qui tu es, et ton nom véritable.
Tu vois,
Malgré tes craintes et tes précautions,
J'ai su deviner
Pourquoi le destin nous lie.
Quand ?
Sous quelle forme ?
De quelle façon ?
Mystère.
Que l'ampleur de la mission
Terrorise
Est certain.
Mais,
Quoi que nous choisissions,
Quelle que soit notre raison,
Nous existons...
Tous les deux ;
Et rien ne peut décider
De notre désunion.
Notre rencontre
Est
Imprévisible
Et inéluctable.
Ensemble,
Tout se peut.
Isolés,
Plus rien.
Eloignement est destruction.
***
Le loup hurle à la nuit,
Appelant le silence
Et la lune qui fuit
Clame sa permanence.
***
Lundi,
Rien.
Mardi,
Rien.
Mercredi,
Encore rien.
Jeudi,
Tu n'étais pas là.
Vendredi,
Tu n’es pas venue.
Samedi,
Tu n'es pas venue, non plus.
Alors, dimanche,
Je me suis assis.
J'ai attendu,
Et je n'ai plus bougé.
L'herbe a poussé entre mes pieds.
Maintenant,
Je ne sais plus.
L'herbe pousse-t-elle encore ?
Peut-être.
Cela n'a plus d'importance.
***
Au triomphe du froid,
Toute énergie s'étiole.
Le mouvement décroît
Comme on vide une fiole.
Les astres ébahis,
En courses immobiles,
Bavent leur goût trahis
De nausées imbéciles.
Les débits avortés
Tarissent les efforts
En sang coagulé.
Le temps qui passe est mort.
***
Le fond de l'océan se révulse
Et l'abysse se rétracte.
Neigeuse porcelaine mauve,
La montagne bleuit
Invoquant le soutien des étoiles.
Le ciel court, déplié.
La ténèbre renonce à la nuit.
Les cimes turbulentes s'affolent.
Le refus du sommeil devient une gangue épaisse
Où l'absence de sanglot se durcit.
Le goût de conquête se désagrège
En un cri silencieux qui augmente
Et se fige.
Les marées se succèdent en mouillant les grèves.
Les nuages roulants écrasent les clochers
Et les glaciers déçus
Attendent, sans envie, qu'un autre jour se lève.
***
Et toi ronde terre,
Belle base fière,
Ne t'arrête pas de tourner.
Tu dois ajourner
La langueur astrale
Rompant l'espoir chaud qui dévale.
Rends nous l'avenir
Sans plus le ternir.
Eteins ce silence qui traîne
Ressème les graines
Repousse le sort;
Réveille, le monde qui dort.
Que, moins somnambule,
Toute particule
Relance l'accélération
Niveaux de fonction,
Où, Couches nouvelles,
L'activité nue se révèle
Génie retrouvé
De savoir prouver,
0, Terre ! Tourne et tourne et tourne
Permet qu'on enfourne,
Combat éperdu,
Tout le devenir attendu.
***
Bien sûr,
Le rêve est exagéré,
Déplacé,
Voire inacceptable.
Et alors…
Cela l'empêche-t-il d'exister ?
***
Plus haut que la pluie et la neige, plus haut que la brume et le vent
L’azur flamboyant s'épanouit au feu du soleil qui rayonne
Le chant est plus grand que l'oubli, plus grand que le noir qui s’étonne.
Plus haut que la pluie et la neige, plus haut que la brume et le vent,
Règne le secret d'invention, vidant l'abandon, décevant.
Là, la convention s'abolit dans la création qui bouillonne.
Plus haut que la pluie et la neige, plus haut que la brume et le vent,
L'azur flamboyant s'épanouit au feu du soleil qui rayonne.
***
Hé ! Sylphide !
Tu m'écoutes ?
Bien sûr, tu ne réponds jamais.
Tu restes sur ta chaise,
Dans ton coin,
Et tu ne dis rien,
Timidité ?
Bon, bon, ça va!
Tu semblais dormir,
Mais, tu te cachais seulement dans le silence.
Et je parlais,
Et je parlais.
Je sais, je suis bavard,
Bavard impénitent,
Intarissable.
Je lasse.
Dans le fond,
Cela t'arrange.
Tant que je continue,
Tu peux,
Confortablement,
Te taire.
Et je pontifie;
Et tu t'ensilences.
Naturellement,
Si Je profère
Une trop puissante énormité,
Tu manifestes.
Juste un mot.
Quelquefois, même pas complet.
Et là, je sais où j'en suis.
Alors, je fais exprès,
J'ai le choix:
Je te pousse à l'éclat,
Ou bien,
Je fais le pitre.
J'aimerai t'amuser.
T'obliger à rire.
Approbation ou désapprobation sont soeurs.
Elles guident.
Allons, Sylphide,
Un sourire...
C'est tout ?
Non, pas une grimace.
Ah! C'est presque mieux.
Encore un effort...
Bon, c'est déjà ça.
Je me ferai une raison.
***
Eclat baroque,
Dont on se moque,
Plouf ! Envolé !
L'instant volé,
Sursaut, fantasque,
Il se démasque.
Les soins zélés
En bonds ailés,
D'un pied, de l'autre,
Cocasse apôtre,
Bien amenés
Plouf ! Sur le nez.
***
Et voilà,
Tu te retires,
Tu te replies,
Tu ne veux pas.
Et pourquoi ?
Tu ne peux pas ?
Tu ne peux pas quoi ?
Tu ne peux pas m'apporter ce que j'attends de toi ?
Erreur !
Grave erreur
Erreur grave
Et auto dévalorisation
Puisque tu le fournis déjà.
Il suffit,
Mais il faut
Que tu existes,
Que tu continues d'exister...
Ce n'est, certes, pas le plus facile...
Mais, puisque c'est déjà le cas...
Quand tu portes tes entreprises,
Il faut bien que quelqu'un te soutienne...
Et si c'était moi...
Et si c'était moi, cela m'aiderait
A porter les miennes.
Tu vois,
Egoïstement, je pense encore à moi
Mais,
Si tu tiens ma main,
Je tiens aussi la tienne.
***
En complicité ils agirent :
L'un pour l’autre et l'autre pour l'un.
Chacun savait répondre et dire,
Liés d'invisibles filins
L'adversité les faisait rire
Cela excéda le malin.
Jalouse, la foule en délire
Nia les échanges câlins
En complicité.
La foule ordonna de proscrire.
Condamnés par tous ces vilains,
Dépassant l'arrêt qui déchire,
Avec un regard cristallin,
Ils eurent encore un sourire
En complicité.
***
Alors, Sylphide!
Tu te manifestes ?
J'attends ton signal,
Ton clin d’œil,
Je suis prêt.
Ouais,
Apparemment, pas toi.
Aurais-tu peur de m'infliger
Tes habitudes secrètes ?
Ta sensibilité pointue ?
Ton irascibilité mordante ?
Tes bouderies révoltées ?
Oh ! Sylphide !
Si tu étais comme tout le monde,
Je m'adresserais à tout le monde
***
Avec le soir vient la peur.
Pourtant rien ne s'est détruit ;
Et l'obscurité des nuits
Contient toutes les couleurs.
***
Donc, Sylphide,
Tu hésites encore.
Non ?
Tu n'hésites pas...
Tu refuses.
Bon.
Tant pis.
Tu as tord.
Malgré mes faiblesses,
Malgré mes incapacités,
Malgré mes incuries,
Tu as tord.
Malgré mes exigences,
Malgré mes excès,
Malgré mon insupportable caractère,
Tu as tord.
Malgré mes débordements,
Malgré mon insociabilité,
Malgré mon quotidien invivable,
Tu as tord.
Malgré l'hérésie,
Malgré la folie,
Malgré tout,
Tu as tord.
***
Comble le jour qui se lève.
Partout, entre sud et nord,
Construit sur l'autre ton rêve.
Parcourant plaines et grèves,
Recueilles-en chaque bord;
Comble le jour qui se lève.
Avant que bulle ne crève,
Consent lui tous tes efforts.
Construit sur l'autre ton rêve.
Si l’espoir est ton élève,
Dresses-en chaque ressort
Comble le jour qui se lève.
Si l'inspiration est brève,
Saches trouver ton accord
Construis sur l'autre ton rêve.
Sans attendre de relève,
Sans attendre le remords,
Comble le jour qui se lève.
Où tu trouveras la fève,
Inventes-y ton décor.
Construit sur l'autre ton rêve.
Chassant l'oubli qui s'achève,
Tu sauras déjouer le sort.
Comble le jour qui se lève.
L'oeuvre est la source, sans trêve,
De la volupté du corps.
Construit sur l'autre ton rêve.
Que vienne, de vie, la sève
Sachant repousser la mort,
Comble le jour qui se lève
Construit sur l'autre ton rêve.
***
Où que tu sois,
Sylphide,
Mystérieuse beauté,
Délicate finesse,
Sensible acuité,
Ton empreinte, je la vois.
Je la sens et je sais qu'elle est là.
Alors, Sylphide,
Matérialises-toi.
Tu es l'air que je respire,
Tu es l'eau que je bois.
Où que tu sois,
Sylphide,
Où que tu existes,
Quoi que tu illumines,
Je sais que tu es 1à.
***
Le jour qui se lève à travers l'horizon
Elance plus haut ses fulgurants tisons.
Regain de chaleur et envol de lumière,
Il ouvre au zénith une immense paupière.
La flore avertie retrouve son essor
Et tend sa ramure en un .jeune ressort.
Les bêtes des bois, des prés et des lagunes
Retrouvent le goût de la liesse opportune.
Le monde s'embrase en un brillant réveil;
L'enthousiasme ailé est un nouveau soleil.
Sortie des déserts du fond des océans,
La perle de vie, gardée par les géants,
S'étale, grandie de poussière extatique,
Chargée par l'ardeur des forces magmatiques.
L'espace se meut en plus large expansion
Grondant sa carcasse en joyeuse impulsion.
Venue du tréfonds des vibrations massives,
La perle irradie sa couleur décisive.
Ebranlant l'émoi et tous ses appareils,
L'enthousiasme ailé est un nouveau soleil.
Les boues de l'argile tissent leurs métaux ;
Les sables se lient en macle de cristaux.
La pierre appelée rêve d'autre montagne
Que l'eau des torrents cisèle et accompagne.
Les cimes de glace avivent leur diamant.
Chaque particule et chaque filament,
Semant l'avenir acéré de dentelle,
L'espoir, avenir dialectique, martèle
L'élan retrouvé. Emergeant du sommeil,
L'enthousiasme ailé est un nouveau soleil.
L'insecte transmet le pollen à la fleur
Et elle lui rend en nectar et senteur.
Champignons et algues ensemble, s'accrochent
Formant le lichen qui protège la roche.
Les laves ignées haussent les continents
Qui, plaques usées, leur sont gain pertinent.
L'eau des océans vient abreuver la terre ;
Le fleuve s'épanche et l'océan prospère.
Chacun porte et jouit de l'autre son pareil ;
L'enthousiasme ailé est un nouveau soleil.
Chassée, la contrainte brisant les efforts.
Chaque implication est un nouveau renfort.
Tous les interdits oubliés se délitent ;
La paix et la joie à inventer invitent.
L'esprit affranchi découvre d'autres mondes
Et lance un défi où ses oeuvres abondent.
L'aboutissement, en ses saveurs exquises,
Reflète plus haut la liberté conquise.
La libre ouverture accompagne l'éveil;
L'enthousiasme ailé est un nouveau soleil.
Abîmes célestes, vos orbes s'enchevêtrent ;
Qu'ils vibrent d'accord illuminant chaque être
De perle et saphir tout serti de vermeil ;
L'enthousiasme ailé est un nouveau soleil.
05 08 99
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...