Le ciel est gris
Pas gris ...
Non, gris.
Gris, gris.
Pas gris pâle,
Ni à peine gris.
Gris foncé.
Certains disent plombé.
Erreur !
Comment voulez vous que le ciel soit plombé ?
Plombé ... Et puis quoi encore ?
Le ciel n'est pas plombé ...
Les dents à la rigueur ...
Mais pas le ciel ...
De plus, il n'est pas que gris.
Il est gris autre chose.
S'il était plombé,
Il ne serait que gris;
Mais nous avons dit
Qu'il n'était pas plombé.
N'insistez pas.
Donc, il n'est pas que gris.
Il est ...
Gris ...
Mais ...
Gris rose.
C'est difficile à expliquer.
Il n'y a pas d'autre comparaison
Que le gris du ventre des vairons Mâles
En période du frai.
Pour ceux qui connaissent
Le gris du ventre des vairons
Mâles
En période du frai,
C'est très évocateur.
Et ceux-là voient très bien
La couleur du ciel d'aujourd'hui.
Mais pour ceux qui ne connaissent pas
Le gris du ventre des vairons
Mâles
En période du frai,
Disons que c'est gris rose,
Presque rose gris
Un peu comme le ciel
D'aujourd'hui.
Donc, le ciel d'aujourd'hui,
Mis à pari ceux qui connaissent
Le gris du ventre des vairons
Mâles
En période du frai,
Ressemble au ciel d'aujourd'hui.
Comment ça, je dis n'importe quoi ?
Que non!
J'éclaire votre lanterne ;
J'étale à vos yeux éblouis ;
Je vous instruis ;
J'apporte à vos esprits ma touche didactique.
Car,
Si vous ne savez pas comment est
Le gris du ventre des vairons
Mâles
En période du frai,
Voyez le ciel d'aujourd'hui.
Voyez-le bien.
S'il est gris rose,
Presque rose gris,
Vous saurez, maintenant, â quoi ressemble
Le gris du ventre des vairons
Mâles
En période du frai.
Et vous pourrez dire â votre descendance
Emerveillée :
"Regardez, les petits,
Regardez le ciel d'aujourd'hui.
Regardez comme il est gris,
Gris un peu rose,
Presque rose gris".
Et les générations futures diront aussi,
Plus tard.
A leurs petits :
"Tiens, le ciel d'aujourd'hui
A le gris du ventre des vairons
Mâles
En période du frai.
Il est gris rose,
Presque rose gris".
19/02/96
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...