C’était en l’an de grâce mil trois cents,
Dans le quinzième jour de la Novembre,
Jeannot, au clair du soleil décroissant,
Epousa Charlotte au visage d’ambre.
Mal leur en prit, en des ennuis sans nombre.
Les deux étaient serfs de fiefs éloignés.
C’était interdit en ces âges sombres.
Aux lois des seigneurs, ils sont assignés.
Dans mille tourments, sans autre raison,
Charlotte fut enchaînée par des reîtres.
Jeannot, arrêté, tomba en prison
Pendant qu’on rendait la belle à ses maîtres.
Cruelles destinées
Affreuse époque obscure
Les vies fuyaient gâtées
Par tant de larmes dures.
Petit matin de mil neuf cent cinquante,
En mi Novembre au soleil flamboyant,
Charlotte et Jeannot, contre toute attente,
Se sont mariés d’espoir rayonnant.
Erreur ! Oh erreur et tous ses ravages.
L’un vient d’orient, l’autre est occidental.
Taxés de trahison et d’espionnage,
Ils sont rappelés à l’ordre brutal.
Placés sous contrôle judiciaire,
L’un est suspect en toute occupation,
L’autre exilé dans des camps de misère
D’internement en rééducation.
Cruelles destinées
Affreuse époque obscure
Les vies fuyaient gâtées
Par tant de larmes dures.
L’an deux mille ô siècle vingt et unième ;
Charlotte et Jean d’un geste d’amour
Se sont mariés en espoir suprême ;
En Novembre dans le quinzième jour.
Peut-on tolérer telle transgression ?
Lui Européen et elle Africaine,
Cela dépasse toute subversion.
Etalons en bien toute notre haine.
Malgré toutes lois, qu’ils soient rejetés !
En ce siècle que la lumière enivre,
Sans aucun travail, privez les des santé !
Confisquez leur le simple droit de vivre !
Trop douce destinée,
Bonté que l’on adore,
Les jours glissent choyés.
Continuez encore !
28 11 03
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...