Tu vas venir.
Je ne sais pas quand.
Je ne sais pas quand, mais je sais
Que, maintenant,
C’est inéluctable.
Il n’y a plus de doute
Déjà,
Et depuis longtemps,
Depuis toujours,
Et même avant toujours,
Avant le commencement,
Avant le début de temps,
Le voyage a commencé.
Bien avant notre naissance,
Nous avons cheminé
L’un vers l’autre.
Sans jamais nous arrêter.
Plus le temps passe,
Moins le temps qui nous sépare
Est long.
Moins le chemin qui nous sépare.
Est long.
Bientôt.
Demain,
Ou bien dans quelques jours,
Les prémices de l’univers
Vont s’achever
Et tout va commencer.
Beauté, ô ma Princesse,
Nous nous rencontrerons.
Nos yeux émerveillés
Ne pourront plus se fermer.
Nos poitrines seront trop étroites
Pour retenir comprimé
La vie qui s’y est installée.
Alors,
Nous nous prendrons la main
Et, au lieu de courir l’un vers l’autre,
Au lieu de nous épuiser à nous chercher,
Pour la première fois,
Nous partirons dans la même direction.
Nos voix se marieront.
Nous cheveux auront couleur de ciel
Et nos pieds, plus légers et plus lestes
Graviront les sentiers de nuages.
Les cimes étonnées
Nous laisseront passer.
Elles diront au soleil,
Par delà les hivers,
Par delà les orages ;
« Regarde !
Les voici qui s’élancent !
Regarde !
Les voici qui grandissent !
Regarde !
Les voici déployés !
Regarde !
Leurs sourires se sont mélangés ! »
16 03 00
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...