Sous les cailloux éparpillés,
Bien abrités, bien repliés,
Là où la décomposition
Achève et parfait sa mission,
A l'ombre des planches souillées
Au fond des souches oubliées
Ils dorment. Il faut qu'on les exhorte
Car ainsi vivent les cloportes.
Loin de leur nuit tout est perdu.
Roses ou gris, ils sont dodus.
La terre humide de leur lit
Est grasse et fraîche et on y lit
Les lents déplacements fautifs
Dans des sillons froids et furtifs.
Ils restent là en pensée morte
Car ainsi vivent les cloportes.
Et puis voilà qu'ils sont en boule,
Et puis voilà qu'ils se déroulent.
Ils viennent, vont, ils font des bulles,
Ils se démènent déambulent
Qu'y a t-il dans leur tête folle ?
Vont-ils sortir les banderoles ?
La fureur aigre les transporte
Car ainsi vivent les cloportes.
Princes, si la frayeur vous gagne,
Soyez sans crainte on vous épargne
Chez eux point de larges cohortes
Car ainsi vivent les cloportes.
05 04 95
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...