Les ânes sont tristes dans le pré.
Immobiles,
Ils regardent passer et fuir
Les autos sur la route;
Et ils attendent:
Oreilles lasses.
Anes, pourquoi ainsi
Mélancolie?
Autrefois,
On vous écrasait de fardeaux
Et de charges.
Et vous êtes gentils.
On vous épuisait de travaux
Humains.
Vous étiez fatigués,
Battus, humiliés.
Et vous êtes gentils.
Aujourd’hui,
Vous ne servez plus à rien.
On vous oublie.
Et vous êtes gentils.
Alors, on vous achète;
Alors, on vous nourrit;
Et alors, on vous choie:
Décor ostentatoire
De maison secondaire.
Puis, la vie court trop vite.
L’engouement est passé;
Vous voila encombrants
Et vous êtes gentils.
On vous conduit au pré.
Et vous êtes gentils.
Et on vous réoublie.
Et gentiment,
Vous vous ennuyez.
Anes tristes dans le pré,
Pourquoi êtes-vous
Si gentils?
21/12/97
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...