Fille de Priam, l'unique réprouvée,
Toi qui percevais, dans ton lucide esprit,
Demain et après, la vérité trouvée
Et qui toujours en annonçais le prix,
Reviens en nos jours égarés et sordides ;
Eclaire à nouveau tous nos pensers confus.
Pourtant, comme alors, dans tes dire limpides,
Encore ignorée, tu seras le refus.
Mais viens ! Je t'attends ; j'espère tes présages ;
J'attends tes clartés et tes prémonitions,
J'attends la lumière de ton nouveau passage
Et chante les feus, tes illuminations.
Dis-nous les ravages qu'il faut conjurer,
Informe nos vies de parlers perspicaces ;
Elève le prix de nos cœurs subjugués
Avec ton parfum de paroles sagaces.
Crie-nous, dans l'effroi de ta sombre détresse,
Les plans scélérats des avides retords,
L'horreur aperçue qui nous trompe et nous blesse ;
Et hurle l'erreur que nous suivons à tord.
Suivie par delà les siècles endormis,
Le sort qui fut tien saura ressusciter,
Allant proclamer ce qui n'est pas admis
Meurtrie d'hérésie, tu seras rejetée.
Pourtant, accroupi, je sortirai de l'ombre.
Ouvrant ma poitrine aux rafales du vent,
Je veux t'abriter en submergeant le nombre ;
Faible bouclier, je marcherai devant.
Mes forces débiles seront ton haillon.
J'irai placarder sur les murs tes adages.
Tenant en épée ton féroce aiguillon,
Je veux, pour t'écouter, des fanfares sauvages.
Nanti de farouches éveils de stupeur,
Il faut avancer en barbares bravades.
L'élan établi qui écrase la peur
Pourra m'inciter à dresser barricades.
Toujours fustigé de dédain méprisant,
L'éclair flamboyant des idées fastueuses,
Debout, guidera nos efforts se brisant,
Chargeant nos combats d'inventions merveilleuses.
Ceux qui ont brûlé ton regard sans remords
Seront, désormais; recouverts de tes cendres,
Mangeant ton triomphe au delà de la mort.
Reviens, je t'en prie, je t'attends, ô Cassandre!
14 01 99
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...