Les larmes coulent
Irrépressibles.
Amères
Et cruelles.
Elles coulent :
Hurlement
De regret,
De déception
Et douleur inconnue,
Innommable
Et réprouvée.
Elles coulent
En spasmes sordides
Et brûlants.
Elles coulent :
Marée de rancoeur épanchée ;
Effondrement déversé ;
Fin de choses étrangères
Et possédées
En dépossession.
Elles coulent les larmes
Amères.
Sanglots étouffants
De vomissure,
Brûlure écrasante
De viscères spoliées.
Les larmes tarissent.
Les larmes sèchent.
Les larmes sèchent sur les joues.
Mais,
A l'intérieur,
A l'intérieur des yeux,
A l'intérieur des joues,
A l'intérieur du ventre,
Les larmes sèches,
Les absences de larmes
Continuent de couler.
Et les larmes sèches,
Les absences de larmes
Refusent d'épancher,
Refusent d'étancher,
Refusent de répandre,
De rejeter dehors
Le dégoût
Et la nausée d'amertume.
C'est à l'intérieur qu'elles vident
La souffrance qui bout.
Et quand elles vident à l'intérieur,
L'intérieur se remplit.
Et l'intérieur se remplit
De ce qu'elles vident à l'intérieur.
Alors,
Elles vident à l'intérieur
La rage et la haine,
Les dents serrées,
L'estomac cruel
Et l'envie de cracher,
Et le cauchemar de revanche,
Et le cauchemar de vengeance
Et le cauchemar de violence
Tout à l'intérieur.
Tout vers l'intérieur.
Tout vers dedans.
Tout vers le milieu.
Elles reversent,
Les larmes sèches,
Les absences de larmes,
La destruction gluante
De noyante sécheresse morbide
Et d'anéantissement.
Et, sans fin,
Elles refusent de laver,
Les larmes sèches,
Les absences de larmes,
L'anéantissement
Lui même anéanti.
25 11 99
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...