Si !
Si, je peux.
Pourquoi est-ce que vous riez ?
Je vous dis que je peux
Crier.
Voulez-vous essayer ?
Ah, vous voyez...
Parfois, je vocifère
Très fort,
Mais pas souvent.
D'abord, je crie quand je veux
Quand personne n'entend.
Je peux monter sur la table
Et danser
En hurlant.
Je peux, mais je n'ai pas envie.
Crier fait du bruit.
Cela s'entend.
Autour,
Et dedans.
Quand on crie en silence,
Le bruit n'est que dedans.
Et le bruit du dedans est effrayant.
Je peux crier
Bien sûr, je peux
Mais je vais plutôt me cacher
Pour pleurer un peu.
14-07-99
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...