COMMENT IL FAUT FAIRE.
Voila! Ce n’est pas compliqué! D’abord, vous choisissez une résidence constituée de plusieurs bâtiments comportant chacun plusieurs montées le tout dans un cadre qui vous plait. Vous vous installez dans un appartement. Vous le louez ou vous l’achetez cela n’a pas d’importance. Au bout de quelques temps, comme vous vous y trouvez bien, vous incitez vos cousins, beaux frères et vos vieux parents, à faire de même et à vous rejoindre. C’est agréable de se retrouver tous ensemble. On peut y pratiquer ses fêtes de famille commodément, pratiquer ses traditions ancestrales, ses coutumes. Bref, on se sent chez soi.
Ensuite, comme vous êtes déjà nombreux dans le même escalier, il faut le posséder entièrement. A ce moment la, il y a un seul moyen : Vous proclamez votre indépendance par rapport à la copropriété. Vous pouvez ainsi décider que les seules manifestations permises sont les vôtres.
Bien sûr, il va y avoir des habitants qui ne sont pas d’accord. Cela n’est pas grave. Vous leur donnez le choix. Ou ils acceptent vos lois ou ils partent. Certains vont refuser. Ceux là, il faut les convaincre. Il suffit de les y conduire en décidant par exemple qu’ils n’ont plus le droit d’utiliser les parkings, les abris de poubelles, les garages à vélos, les boites aux lettres. Vous leur coupez l’eau ou l’électricité. Quelques uns vont se rebeller. Leurs enfants vont vous jeter des cailloux. Dans ce cas, vous faites intervenir la force. Eh, quand même, vous êtes chez vous.
Entre temps, des cousins éloignés, des collatéraux, des parents oubliés vous auront rejoints. Pour eux, vous aurez eu soin de dégager des appartements dans les montées voisines par les procédés déjà décrits. Ainsi, vous aurez des lieux dans le reste du bâtiment. Ceux la s’organiseront en groupes autonomes subvenant à leurs besoins. Bien sûr, en cas de litige avec leurs voisins, vous les assurerez de votre soutien.
On conçoit bien que d’anciens résidents spoliés, chassés, ruinés s’étant réfugiés dans les bâtiments voisins auront tendance à revendiquer leur réintégration chez eux. Ils risquent même d’être assez agressifs. Qu’importe puisque la légitimité c’est vous et que la force est de votre côté. Eventuellement, pour les chasser des bâtiments voisins, vous pourrez organiser des expéditions de représailles. Ceci aura deux finalités. D’abord, chasser plus loin et de façon plus définitive ces aigris, asociaux, incontrôlables que vous pourrez dénoncer pour leur terrorisme. D’autre part, cela indiquera aussi aux résidents des bâtiments voisins qu’ils ne doivent pas loger ces rebuts de l’humanité.
Il peut se produire que les bâtiments voisins prennent fait et cause pour ceux qui se sont réfugiés chez eux. Dans ce cas, n’hésitez pas. Il faut leur donner une leçon. Comme vous êtes de grands humanistes, vous prévenez les gens du bâtiment où vous allez intervenir. Vous leur dites : « voila. Nous allons détruire ce qui nous cause des soucis. Comme nous ne voulons pas vous faire du mal, nous vous laissons vingt quatre heures pour fuir. Passé ce délai, nous viendrons avec du matériel industriel et nous casserons tout ». Pour être plus sûrs, vous pouvez même informer que quand tout sera cassé, vous ne vous retirerez pas chez vous tout de suite, mais que pour plus de sécurité, vous resterez sur place afin de surveiller.
Cela fait, quand vous serez maîtres de la situation, vous pourrez au titre de la réparation des dégâts, de nouveau installer des satellites indépendants et autarciques constituée de membres épars de votre clan dans les débris que vous aurez générés.
Vous voyez que ce n’est pas compliqué.
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...
Marie-Claude (dimanche, 28 février 2016 16:00)
j'y vois un certain pays ...