Lettre à un correspondant
A propos de musique.
Il y a quelques jours, un correspondant m’a demandé de lui concocter un répertoire de musique dite « classique ». Voici ce que je lui ai dit.
Cher ami,
Ta demande de l’autre jour étant suffisamment rare et intéressante, je me suis jeté dessus avec enthousiasme. Heureusement, j’ai eu la ruse de te prévenir que je ne le ferais pas dans les dix minutes. Sans doute, depuis as-tu pensé que c’était une parole en l’air et que j’avais oublié. En fait, non. Je savais que c’était une rude entreprise et depuis, plus j’y pense et plus je me dis que j’ai l’art de me fourrer dans des entreprises inextricables.
Cela dit, chose promise, chose due.
Je le réitère. C’est un peu mission impossible. Il y a à cela deux raisons qui s’additionnent. La première tient à ta personnalité que je ne connais pas vraiment. Je ne peux donc pas deviner vers quoi tu seras attiré plus particulièrement. La seconde tient à la nature même de la musique dite « classique ». En effet, sous ce vocable, on comprend des choses d’une diversité difficilement embrassable dans sa totalité.
D’abord, l’expression musique classique pour moi est un non sens. Bon, je n’y peux rien et tout le monde continuera à l’utiliser. Le mot « classique » a essentiellement deux sens. D’abord si l’on considère de l’époque classique, cela veut dire trois quarts de siècle vers la fin du XVIIIème et le début du XIXème. Il va de soi que cela n’englobe pas la totalité de ce qu’on présume. Ensuite, dans le sens de chose qui depuis sa création n’a jamais été abandonnée (comme classique du cinéma, classique du jazz) C’est aussi une absurdité. Le stéréotype du musicien dit classique (Bach) a été oublié pendant presque un siècle et redécouvert ensuite et je ne parle pas des compositeurs du moyen âge. Donc, personnellement, je préfèrerais dire musique savante (par opposition à musique populaire) mais bon, je n’y peux rien, on continuera à dire musique classique.
J’évoquais précédemment l’extrême diversité de cette musique. Elle est dans deux domaines. Bien sûr chronologiquement. Entre Guillaume de Machaut (v 1300- v 1377) et Sergueï Prokofiev (1891-1953) il y a un monde (presque 600 ans). En revanche, sur le plan géographique, les différences, tout en étant sensibles, surtout au dix neuvième siècle, sont beaucoup moins marquées. D’autre part, la diversité est aussi dans les genres (dont certains recouvrent presque toutes les époques).
En effet, il y a la musique instrumentale ou vocale, profane ou religieuse. Pour la musique religieuse, les textes peuvent être tirés de la liturgie ou tirés de textes bibliques (psaumes ou lamentations de Jérémie, ou autres) ou texte d’inspiration religieuse seulement (Stabat mater). Toujours pour la musique religieuse, mais pas seulement, il y a un cas à part c’est la musique pour orgue. En même temps, la musique peut être intime pour quelques instruments ou voix (duos, trios, quatuors, musique de chambre, lieder) et à l’opposé, à « Grand spectacle » (symphonies, oratorio, opéra, requiem, te deum). Ajoutons que la musique peut être inspirée par la danse ou pas. Egalement, pour finir rien que dans une symphonie ou une sonate, les différents épisodes (mouvements) doivent être différents dans leur mouvement justement. Arrivé là, j’ai la quasi certitude d’avoir oublié des différenciations, particulièrement pour la musique postérieure à 1935 il y a en plus la musique de cinéma (Prokofiev ou Bernstein, entre autres).
Tu vois, c’est pas simple.
De plus, deux paramètres viennent encore se surajouter. D’abord, les plus grands ont, parfois, eu des résultats inégaux. Personne n’a la garantie de toujours réussir à la perfection. D’autre part, certaines œuvres très longues ont des moments phares et des passages qui sont plus des liaisons (surtout dans les opéras). Donc pour celui qui ne sait que choisir, les raisons d’être déçu sont nombreuses.
Alors que dire ?
Il me semble que dans un premier temps, je vais évoquer la musique du XIXème siècle qui est, à mon avis la plus facile d’accès.
Schubert : les impromptus pour piano.
Beethoven : les symphonies et le concerto l’Empereur
Chopin : le deuxième concerto
Brahms : Le concerto pour violon
Berlioz : le Te Deum
Bizet : Carmen
Gounod : Faust
Saint Saens : La symphonie avec orgue
Rossini : Les ouvertures ou le barbier de Séville
Verdi : Aïda ou don Carlos
Mahler : la symphonie n° 5
Wagner : l’or du Rhin
Tchaïkovski : le concerto en ré pour violon, Casse noisette.
Rimski-Korsakov : Shéhérazade
Puccini : Tosca
Bellini : Norma
Fauré : la pavane
Débordant plus sur le XXème siècle :
Falla : l’amour sorcier
Strauss (Richard) : ainsi parlait Zarathoustra, mort et transfiguration ou les 4 derniers lieder
Schönberg : La nuit transfigurée
Prokofiev : les concerto, Alexandre Nevsky, Ivan le terrible.
Sibelius : Symphonie N° 2 ou concerto pour violon
Stravinsky : Le sacre du printemps
Plutôt sur le XVIIIème :
Vivaldi : concerti
Pergolèse : Stabat mater
Bach : Grande messe en si mineur
Scarlatti Domenico : Les sonates pour clavecin
Haendel : Feux d’artifice
Mozart : la flûte enchantée, le requiem, Don Giovanni, Ave Maria et tout le reste
Haydn : la création
XVIIème
Monteverdi : l’orféo
Purcell : le roi Arthur
Delalande : leçons de ténèbres
Couperin François : leçons de ténèbres ou musique pour deux clavecins
Rameau : les Indes galantes
Lassus : Lamentations de Jérémie et messe
Gabrieli : Musique pour saint Roc
Et puis pour le principe
Machaut : Grande messe de Notre Dame
D’une façon générale, pour les œuvres très longues, je déconseille les coffrets complets au profit des extraits sur un seul disque. Bien sûr, le choix est celui du fabricant ; mais, le plus souvent, il est judicieux.
Bien sûr cette liste ne peut pas être exhaustive. Et de plus, elle est forcément partiale.
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...